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Message  Farid Belkacemi Dim 27 Nov - 22:16


Il est une cause entendue par tous les décideurs formés au politiquement correct de la
gestion, qu’il vaut mieux détenir de la trésorerie que des stocks. Le bon sens commun
fait bien sûr penché la balance vers l’approbation de ce dogme.

A la vérité, la situation est bien plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord et
Thierry Brutman, président d’Hostorg SA, souhaite démontrer dans cet article, qu’il
existe un rapport optimal entre répartition des ressources de l’entreprise placées en
trésorerie, et ressources qui doivent être investies en stocks.

L’analyse en Asset Liability Managment (ALM) : afin de fixer le cadre d’analyse de notre
démonstration, un petit retour en terme d’analyse financière qui sera approuvé par la
corporation des experts-comptables et commissaires aux comptes pour la France ainsi que
celle des Réviseurs d’entreprises pour la Belgique, la Suisse et le Luxembourg et autres
Chartered Accoutants pour les anglo-saxons : le résultat comptable d’un exercice d’une
entreprise peut être calculé soit par le solde du Compte de Résultat soit par la différence entre
l’actif et le passif du Bilan. Cet état de fait a été enseigné à tous les étudiants des sciences
financières & comptables mais reconnaissons, que l’approche en terme différentiel de Bilan
n’avait pas à ce jour trouvé un usage pratique pour les professionnels. En réalité, cette
approche avait trouvé son usage pour l’analyse des Bilans Bancaires et cette approche, dans
ce secteur, est très développée aux Etats-Unis sous le nom d’Asset-Liability Management
(ALM). Cette science a pour objet d’optimiser la rentabilité des établissements par le choix
judicieux des emplois, de sorte que le Produit Net Bancaire soit le plus élevé possible tout en
limitant les risques de liquidités. C’est de cette approche que nous nous inspirons pour les
entreprises commerciales. Cette approche devient en effet cohérente depuis nos remarques sur
la définition du stock et sa rentabilité associé (Conférence de Paris-Dauphine du 15 mai 2005
sous l’égide de l’Université Paris 9 et du CSCMP).

Le stock est un actif à rentabilité : Un élément important de cette analyse est le fait que le
stock est un actif à rentabilité et n’est pas une charge. L’appréciation du stock comme une
charge est le fruit des théoriciens du « stock zéro » et de la gestion en Juste-à-Temps (JAT).
Bien évidemment, nous ne condamnons pas la nécessité de devoir travailler avec le stock le
plus faible possible pour répondre dans des conditions de service client équivalentes à la
demande la plus importante possible de la part des clients mais cette approche ne permet à
aucun moment de déterminer le niveau des stocks, qui compte tenu des profils de probabilités
de ventes tout au long du cycle de vie des produits, qu’elle est le niveau des stocks qui permet
d’accroître le Retour sur Fond Propres (ROE) d’une part, à quel moment il faut vendre ou à
quel prix il faut vendre un stock qui ne répond aux espoirs de succès commercial qui repose
ne lui et enfin à quel moment il devient rentable de lancer une nouvelle gamme de produits
en substitution ou de manière additionnelle ou complémentaire.

Comme nous l’avons défini, au moment de sa détention, le stock est un actif à
rentabilité aléatoire qui est une option : c’est l’option par laquelle on achète une vente
future. Compte tenu soit des délais de fabrication soit des délais d’approvisionnement,
en effet une entreprise ne pourra fournir les produits (et du reste également les services
ce que nous analyserons dans un article ultérieur) demandé le jour « j » par un client,
si celui ne veut pas attendre, que si l’entreprise les détiens. La détention du stock est la
condition requise de la vente pendant cette période minimale de réassorts.Comme nous le savons, l’option est un actif financier qui a une rentabilité propre à
tout moment jusqu’à son échéance et qui varie en fonction de la probabilité de la vente
au fur et à mesure du temps.
Forte de cette rentabilité propre et d’un risque associé qui varie avec le temps en
fonction du succès du produit, il devient possible de comparer le placement en
trésorerie et le placement en stocks. L’application des modèles d’options est une des
applications de cet arbitrage.

Au delà de cette approche instantanée quoiqu’ inter-temporelle, la fait que le stock
« tourne » à plusieurs reprises au cours d’un exercice comptable (de même que
pendant la durée de vie des produits vendus) et que l’entreprise qui exerce son
activité ait accumulé au préalable de la production ou de ses approvisionnements un
capital économique qu’elle doit amortir et rentabiliser modifie en réalité totalement
l’analyse de la rentabilité de la ventilation nécessaire entre l’investissement en
trésorerie et l’investissement stocks.

On verra dans notre facteur d’analyse N°4 que finalement la rentabilité réelle de la
trésorerie disponible est beaucoup plus basse en terme de ROE que celle de
l’investissement en stocks. On verra également comment une approche en ALM
modifie également la prise de décision quand on dispose de capacité de production et
que le prix de vente constaté sur le marché ne permet pas de rentabiliser la production
en terme de résultats.
Mesurer la rentabilité du stock: Quelle est sur la durée d’un exercice comptable (mais cette
approche peut être menée exactement de la même manière sur la durée de vie du produit
vendu), la rentabilité du stock ?
Il suffit de faire alors l’analyse de la manière suivante, qui se fonde sur le niveau
moyen des stocks détenu pendant l’exercice. Afin de simplifier, nous n’intégrerons pas
ici l’impact du crédit client et du crédit fournisseur mais, la rentabilité du stock devrait
être mesuré en fait sous forme de rentabilité du Besoins en Fond de Roulement
d’Exploitation :

d’abord bien sûr, le stock moyen génère directement des gains et des charges
variables, c’est à dire :
- le chiffre d’affaire de l’exercice (en fait il faudrait le faire de manière glissante : si le
délai d’approvisionnement est d’un mois, le chiffre d’affaires de janvier est réalisée
grâce à l’investissement en stock de décembre)
- il faut soustraire de ce chiffre d’affaires les frais variables associés tels : le prix de
fabrication ou d’achat, les frais de détention (y compris taux d’intérêt) et manipulation
mais aussi les frais commerciaux et de distribution incorporant les frais de personnels
associés.

- Il faut aussi soustraire en frais de destruction de valeurs des stocks qui viennent en
diminution de la rentabilité brute
Mais l’ALM permet de compléter cette analyse de manière excessivement intéressante :En effet, afin d’obtenir le ROE maximal de l’entreprise, il faut, à chaque décision, donc de
manière continue dans le temps, affecter les ressources financières disponibles (donc la
trésorerie et les ressources de financement extérieur) à l’actif ou aux actifs qui au moment de
cette décision représentent le meilleur placement en fonction du degré de risque accepté par la
direction d’une entreprise, donc tenant compte également des contraintes de sécurité de
gestion. S’il existe en supply chain, un stock de sécurité, il existe aussi un niveau de trésorerie
de sécurité pour faire face tant aux nécessités qu’aux imprévus ou éventuellement aux
opportunités.

En terme d’analyse ALM, chaque décision se prend sur la durée de l’impact de la décision
dans l’entreprise, donc en période glissante qui dépasse la date de clôture de l’exercice
comptable. On dépasse donc la gestion budgétaire.
Cette approche fait évoluer l’analyse financière ou de contrôle de gestion traditionnelle en
matière d’interprétation et utilisation des concepts de coûts variables ou de frais fixe :
Nombre de frais dits variables au sens commun sont engagés à un moment donné sur des
prévisions mais ne peuvent être variabilisés en cas d’erreur. Ils deviennent fixes une fois la
décision engagée.
Il en est de même mais de manière symétrique pour des charges fixes quand on les compare à
la rentabilité des actifs associés. Ainsi en est –il par exemple, de la dotation aux
amortissements associée à un bien d’équipement : il n’existe pas de problèmes
d’interprétation quand la capacité de production est utilisée dans son intégralité, la dotation
aux amortissement doit bien être affectée au stock que la machine produit.

Ceci est différent quand la capacité de production n’est pas utilisée en totalité car il existe au
moins 2 cas différents : soit la capacité de production est sous-utilisée en absence de demande
alors la charge est bien à associer qui vient obérer la rentabilité du stock, soit la sou-utilisation
apparaît comme une décision de gestion volontaire, par exemple parce que la demande existe
mais avec un prix trop bas. Dans ce dernier cas, il existe une décision de ne pas produire et
d’accroître la trésorerie : la part de dotation aux amortissements de l’équipement non utilisée
pour la production et l’investissement en stock est donc une charge qui vient en diminution de
la rentabilité brute des ressources de financements investies en trésorerie.
Il en est de même de tous les frais fixes, par exemple les frais de personnel associés à une
activité déterminée que l’on choisit de ne pas mettre en œuvre, qui sont bien à associer à la
rentabilité de manière négative de l’actif dans lequel on investit en substitution.

En terme, d’assiette de placement pour la mesure de la rentabilité de la trésorerie, il apparaît
également nécessaire de ventiler la trésorerie entre trésorerie acquise au moment des choix et
qui génère une rentabilité brute associée à la rémunération moyenne du placement et
éventuellement la valeur de trésorerie positive d’exploitation qui pourrait exister quand la
somme de la valeur des stocks bruts et du crédit client est inférieure à la valeur du crédit
fournisseur : dans ce cas, sur la période de l’exercice comptable, la rentabilité de cette
trésorerie de supply chain doit être associée au placement en stock. Au moment de chaque
décision de placement, il convient donc de ventiler de manière adéquate l’origine de la
rentabilité de chaque actif sachant qu’au final, on gère alors un portefeuille de placements et
de risques.

Exemple de calcul de rentabilité du stock et de la trésorerie :données de départ:
La société dispose en début d'exercice de 300 000 euros de trésorerie acquise et n'a pas d'endettement.
nbre d'unités prix de vente
vendus unitaire Chiffre total:

€uros d'affaire
170 000 50 ****CA****: 8 500 000
cout d'achat
unitaire frais
40 variables: 6 800 000
marge sur couts variables: 1 700 000 hors variations de stocks
frais de personnel 890 000
dt management trésorerie 40 000
dotation aux amortissement 750 000
dt dotation gestion de treso. 30 000
marge d'exploitation: 60 000
gains financiers 21 150
composés de gains sur trésorerie acquise
placement à 3% annuel, base 300 000 €
il s'agit des fonds mis à la disposition de l'entreprise
après répartition du résultat de l'année précédente 9 000
gains financier sur l'année d'exploitation
50% de la dotation amortissement et marge d'exploitation
si répartition linéaire 12 150
Résultat: 81 150
stock : 850 000 rentabilité 130 000%: 15%
un mois et demi de stock si capacité employée 100%
ici crédit clients & fournisseurs se compensent
on enlève l'impact de la gestion de trésorerie
Trésorerie 1 110 000 rentabilité -48 850 rentabilité réelle négative
Trésorerie moyenne: 705 000
même si l'on ne tient pas compte des frais de gestion
la rentabilité est alors de 21 150 %: 3,00%
et celle du stock serait alors au pire de: 7,06%
en réalité à chaque moment où l'on prend la décision d'investir en stock, ici 8 foisdans l'année, la décision génère le nouveau cash placé. pour simplifier 1/8 du stock
génèrera 1/8 de la trésorerie additionnelle pendant environ 315 jours
1/8 270
1/8 225
1/8 180
1/8 135
1/8 90
1/8 45
1/8 0
on suppose le stock vendu le 45 ème jour à chaque fois pour simplifier
trésorerie par rotation: 101250
durée de placement : 157,5
gain financier généré par l'exploitation du stock 1 329 €
qui devrait s'ajouter à la rentabilité du stock. Si on prend la dernière hypothese
avec non répartition des charges de gestion directe de la trésorerie.
alors l'activité trésorerie est 19 821 € taux de rentabilité 3,00%
celle du stock est 61 329 & taux de rentabilité 7,22%
En réalité, la rentabilité à prendre en compte est bien ici d’au moins 15% plus les gains
financiers directs générés. La rentabilité sera d’autant plus élevé qu’un décalage de délais de
paiement favorable existe entre délais de paiement clients et délais de paiement fournisseurs.
A noter toutefois, qu’il faut alors tenir compte de l’impact que l’on peut avoir alors sur la
marge entre baisse du crédit fournisseur contre escompte qui accroît alors la marge directe et
l’allongement du crédit client s’il permet d’augmenter les ventes.
La nécessité de l’approche prévisionnelle: il ressort alors que l’optimum de rentabilité
est obtenue pour le ROE de l’entreprise en optimisant de manière prévisionnelle les
ressources disponibles entre trésorerie et stocks en ayant réparti et selon leur poids
respectif dans le total les frais de dotations aux amortissements et frais associés comparé
aux rentabilités associés à ces actifs.
Compte tenu des probabilités de réalisation, il apparaît que la courbe de prix/ quantités
acceptables pour optimiser le ROE de l’entreprise ne se calcule pas avec le coût complet du
produit mais avec la marge sur coût variable dès lors que les investissements ont été réalisés.
La trésorerie a très rapidement une rentabilité négative en absolu dès lors qu’on la compare
avec la génération de cash possible tant que la marge sur coûts variable reste positive. Ne pas
produire détruit alors de la valeur alors même que il y aurait une perte sur le coût complet..£

Thierry Brutman,
Président d’Hostorg

Hostorg est une société spécialisée dans l’ingénierie de solutions en supply chain et
notamment : la gestion des risques et la valorisation des stocks associés au financement ;
l’audit décisionnel et les arbitrages « prix, délais de livraison et de paiement ».
Contact : tbrutman@hostorg-effekt.com

Farid Belkacemi
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